Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à droite) est photographié avec le ministre turc de la Justice Bekir Bozdag lors du Congrès international de droit d'Istanbul à Istanbul, octobre 2016 (Reuters)

La Turquie demande l’extradition de 33 suspects “terroristes” de Suède et de Finlande après que les trois pays ont signé un mémorandum permettant aux deux pays nordiques de rejoindre l’Otan, a déclaré mercredi le ministre de la Justice Bekir Bozdag.

S’adressant aux médias locaux, Bozdag a déclaré que son pays demanderait la remise des suspects “dans le cadre du nouvel accord”, signé mardi après une réunion de trois heures au sommet de l’Otan à Madrid, selon Middle East Eye.

Le président finlandais Sauli Niinisto a déclaré qu’il avait rencontré son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, ainsi que le Premier ministre suédois Magdalena Andersson et avait publié un mémorandum dans lequel Ankara soutiendrait la candidature des deux pays à rejoindre l’alliance militaire.

L’accord met fin à un différend d’un mois qui menaçait de perturber un moment critique de l’histoire de l’OTAN, l’invasion russe de l’Ukraine ayant soulevé des questions sur la manière dont l’alliance devrait réagir.

La Finlande et la Suède ont officiellement demandé à rejoindre l’alliance de l’OTAN le mois dernier, après l’invasion de l’Ukraine.

La Turquie – qui possède la deuxième plus grande armée de l’Otan – avait averti qu’il n’y aurait pas d’adhésion à moins que les deux pays acceptent d’extrader les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui a mené une lutte armée contre l’État turc depuis 1984.

La Turquie, les États-Unis et l’UE désignent tous le PKK comme une organisation terroriste en raison d’une histoire d’attaques meurtrières contre des civils. Le groupe s’est auparavant battu pour un État kurde indépendant et cherche maintenant l’autonomie des régions kurdes.

La Suède et la Finlande ont rejeté les revendications de la Turquie, affirmé leur reconnaissance du PKK en tant que groupe terroriste et nié avec véhémence lui apporter un quelconque soutien.

Le Finlandais Niinisto a réitéré mardi que son pays prenait au sérieux les préoccupations de la Turquie concernant le terrorisme, mais a ajouté qu’Helsinki continuerait de respecter ses politiques existantes en matière d’extradition.

“Alors que nous renforçons notre coopération en matière de lutte contre le terrorisme, les exportations d’armes et les extraditions, la Finlande continue naturellement de fonctionner conformément à sa législation nationale”, a-t-il déclaré dans son communiqué.

Niinisto a également déclaré aux journalistes que le mémorandum, qui sera rendu public à une date ultérieure, ne répertorie pas les personnes à extrader mais décrit plutôt les principes des extraditions liées au terrorisme.

Changement de position

En Mai 2020, La Suède et la Finlande avaient rejeté la demande de la Turquie d’extradition de personnes liées au PKK et au groupe terroriste güleniste (FETÖ).

La Turquie avait demandé l’extradition de six terroristes du FETÖ et de six terroristes du PKK de Finlande au cours des cinq dernières années, a rapporté l’agence Anadolu (AA), citant le ministère de la Justice. La Turquie avait également demandé à la Suède d’extrader 21 suspects, dont 10 membres du FETÖ et 11 membres du PKK.

Les deux pays nordiques avaient rejeté l’extradition de 19 terroristes et n’avaient pas répondu à la demande de la Turquie pour cinq autres, selon Daily Sabah.

La Turquie avait émis des réserves sur l’adhésion de la Suède et de la Finlande, affirmant que les deux pays servaient de refuge aux organisations terroristes, notamment le PKK et son aile syrienne, les YPG.

Mais la Turquie n’avait pas fermé la porte à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN et se disait disposée à négocier avec ces pays s’ils acceptent de réprimer les activités terroristes nationales et de mettre fin à leur soutien au PKK.

Après avoir eu des entretiens informels avec la Turquie en marge d’une réunion de l’OTAN à Berlin, la Suède avait annoncé qu’elle enverrait une délégation diplomatique en Turquie pour discuter de l’adhésion du pays à l’alliance ainsi que des préoccupations de la Turquie concernant son soutien à l’organisation terroriste PKK.

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