Après la destruction de leur stade pour éviter les rassemblements interdits, des jeunes d’une cité du Val-d’Oise en France ont menacé une élue locale.

Le 29 mai dernier, le bruit des pelleteuses a surpris les habitants de la cité des Raguenets à Saint-Gratien dans le Val-d’Oise. Les engins ont investi le terrain de football de ce quartier populaire pour détruire littéralement l’équipement public, dont le sol en synthétique avait pourtant été rénové récemment. L’objectif de l’opération menée à l’initiative de la mairie était de rendre impraticable ce terrain où devait se tenir durant le week-end de la Pentecôte une rencontre de foot rassemblant plusieurs centaines de personnes, malgré l’interdiction pour cause de crise sanitaire.

Jacqueline Eustache-Brinio, conseillère municipale et sénatrice LR du Val-d’Oise, soutient et assume cette décision radicale. Droite dans son écharpe républicaine, l’élue dit vouloir défendre la notion d’état de droit contre celle des zones de non-droit, et ce, malgré les pressions et les menaces dont elle fait l’objet depuis plusieurs jours.

 Menaces et intimidations
En effet, cette opération que l’on pourrait qualifier de tolérance zéro pour les matchs sauvages a contrarié un certain nombre de jeunes qui ont ainsi manifesté leur mécontentement en caillassant la mairie, mais surtout en se réunissant devant le domicile de l’élue pour tenter de l’intimider.
« Ils m’ont insultée, explique la sénatrice. Ils ont menacé ma famille et même ma mère. Elle est âgée de 85 ans, sa santé est fragile et vit depuis toujours dans la cité HLM du quartier des Raguenets à côté du stade. »

 

Une situation dénoncée avec fermeté par Julien Bachard, le maire de la ville. Elle illustre, selon lui, les difficultés grandissantes pour les élus de faire respecter les lois de la République dans certains quartiers. « Ce city-stade avait pour vocation de servir aux enfants et aux adolescents du quartier, rappelle l’élu. Mais la structure a été littéralement privatisée par des jeunes adultes qui sont allés jusqu’à installer leurs propres cadenas pour gérer l’accès. Ils organisent des tournois sauvages, comme ce championnat, l’année dernière, qui s’est tenu pendant un mois, avec fumigènes, chiens dangereux, rodéos sauvages et cornes de brume. Les habitants du quartier ont vécu un enfer. Nous n’avons rien pu faire, car l’État n’a aujourd’hui pas les moyens de faire respecter l’ordre dans certains quartiers, et surtout n’ose plus intervenir de crainte de provoquer des émeutes. Ainsi s’installe une exception dans des cités, mais nous nous y refusons. La loi et les règles doivent s’appliquer partout. »

Chahutée jusqu’aux portes de son domicile familial à Saint-Gratien, Jacqueline Eustache-Brinio ne lâche rien. La destruction de ce stade était, selon elle, la seule solution pour rétablir l’ordre dans cette cité. La municipalité a d’ailleurs prévu de transformer les lieux en véritable espace de jeux pour les enfants. Pour la sénatrice, ce bras de fer va au-delà d’une querelle autour de l’utilisation d’un équipement sportif. « Il s’agit d’une véritable défiance vis-à-vis de l’autorité et de l’État. Ces individus ne sont pas des gamins. Ils envoient les plus jeunes pour caillasser et casser et ils réclament un stade de foot en criant rendez-nous notre stade de foot ! ou bien Ce stade est à nous ! Mais cet équipement n’est pas leur propriété. Il appartient à la collectivité et il y a des règles à respecter. Nous sommes aujourd’hui confrontés à des individus qui tentent d’inverser les valeurs et le rapport de force.

Le Premier ministre l’a dit. Les stades demeurent fermés en raison de la crise sanitaire et les matchs sont interdits. Ces individus voulaient, après la rencontre clandestine organisée à Grigny en Essonne le 26 mai dernier, jouer le match retour chez nous. C’est inacceptable. » Ce jeudi, le cabinet du maire a été contacté par un avocat demandant une résolution à l’amiable et une « conservation de leur terrain de foot dans un état opérationnel ». Affaire à suivre.

Source: Le Point

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