Le président du Sénat Alexis Thambwe Mwamba, proche de Joseph Kabila, est désormais sur la sellette. © Vincent Fournier/Jeune Afrique-REA

Le procureur général près la Cour de cassation accuse le président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, de détournement de deniers publics et souhaite l’auditionner.

C’est une lettre datée du 1er février, qui a fait l’effet d’une déflagration. Adressée au bureau du Sénat congolais, elle est signée de la main de Victor Mumba Mukomo, le procureur général près la Cour de cassation. « Qu’il plaise au bureau du Sénat d’autoriser l’instruction à charge du président du Sénat, M. Alexis Thambwe Mwamba, pour détournement des deniers publics et lui permettre ainsi de présenter ses moyens. »

Ouverture d’une enquête

Le procureur général y expose d’abord ce qui justifie à ses yeux l’ouverture d’une enquête à l’égard de ce proche de l’ancien président, Joseph Kabila : « Le 6 janvier 2021, le sieur Alexis Thambwe Mwamba, président du Sénat, a tiré, pour le compte du Sénat, trois chèques d’un import respectif de 2 millions d’euros, 1 million de dollars et 1 million de franc congolais », affirme-t-il.

« Le trésorier de Sénat ayant retiré ces sommes à la banque commerciale du Congo, remit les 2 millions d’euros et 1 million de dollars américains au conseiller financier du questeur du Sénat, précise Victor Mumba Mukomo, en demandant au bureau du Sénat d’autoriser les poursuites. Ledit conseiller partit les remettre au président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, à sa résidence, d’où l’ouverture du présent dossier. »

Depuis plusieurs jours, le vent semblait être en train de tourner pour Thambwe Mwamba, le dernier des proches de Kabila a encore tenir les rênes d’une institution de la République. Le 8 janvier, soit deux jours après les retraits mentionnés par le procureur, le rapporteur du Sénat, Kaumba Lufunda, avait dénoncé les accusations de détournement qui commençaient à circuler, affirmant qu’elles n’étaient « que des affabulations destinées à discréditer la chambre haute du Parlement ».

Alors qu’une vaste offensive politique orchestrée par la présidence congolaise vise Joseph Kabila et ses proches et a déjà abouti à la destitution de Jeanine Mabunda de la présidence de l’Assemblée nationale et à la démission du Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, Thambwe Mwamba paraissait en sursis.

Il est également visé par une pétition réclamant sa destitution, tout comme plusieurs membres de son bureau, dont Samy Badibanga, le vice-président du Sénat qui a assisté l’informateur Modeste Bahati Lukwebo dans sa mission d’identification d’une nouvelle majorité. Selon nos informations, ces pétitions, qui ont été déposées ce mardi matin, ont déjà recueilli plusieurs signatures.

Source: Jeune Afrique

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