Prof Mbock (Photo/Janvier Popote)

Nous sommes Jeudi le 28 Octobre 2021 à Douala, la capitale économique du Caméroun où dépuis avant-hier se tient un forum régional de sensibilisation et de renforcement des capacités des médias et des organes de régulation de la communication sur la prévention des conflits liés aux discours de haine et la lutte contre ce phénomène en Afrique Centrale.

Le phénomène de discours de haine est malheureusement alimenté par plusieurs acteurs, y inclus les politiques qui sont censés contrer la discrimination et l’incitation à la violence pour une bonne gestion de la societé, déclare Charly Gabriel Mbock antropologue, directeur de recherche, professeur des universites (Université de Yaoundé II).

Le septuagénaire pose des questions difficiles au sujet de l’Etat, les politiciens comme vecteurs de discours de haine. Afin d’établir la responsabilité politique, Prof Mbock explique que le discours ne peut pas valablement combattre le discours de haine. Il faut donc combattre la haine en amont du discours de haine.

L’écrivain et homme politique camérounais insiste que le pouvoir est une relation de reconnaissance, ce qui fait du pouvoir politique une responsabilité énorme, ajouta qu’il est difficile de faire l’économie de la politique là où le discours de haine devient un fond de commerce.

Ci-dessous sont relayés ses propos au sujet du pouvoir comme relation de reconnaissance. Il s’adresse essentiellement aux responsables des médias ou d’associations professionnelles sélectionnés avec l’aide des Bureaux des Coordonnateurs résidents du Système des Nations Unies dans les onze pays couverts par la La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et le Bureau Régional des Nations Unies pour l’Afrique Centrale (UNOCA).

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C’est par les politiques que se prennent des grandes orientations, mais on ne nait pas politique.

La politique est une culture, c’est le résultat d’une formation qui conduit à la conception d’une vision, qui s’enrichit des certaines émotions, des certaines sensations.

Il y en a qui voundront que dans leur pays on mange salé, d’autres souhaiteront qu’on mange sucré, et la politique du sucré at du salé sera instaurée dans un pays donné.

Il est connu de tout le monde que pour parler de la recherche scientifique, les chercheurs les plus qualifiés n’ont qu’un pouvoir de proposition et leur pouvoir de proposition s’arrête où commence le pouvoir de décision et le politique prent le rélais.

Vous faites des propositions, il leur reste de decider.

Donc, il est difficile de faire l’économie de la politique dans quelques societés que ce soit.

Ceci aggrave la responsabilité du politique parce que si celui qui est au pouvoir où celui qui a le pouvoir comme on dit vulgairement considère que le pouvoir est une proprieté, une possession, il va lui-mème se priver de ce pouvoir à un moment ou une autre parce qu’à un moment donné il ne lui restera que la puissance parce que le pouvoir n’est pas une substance, c’est une relation.

Vous avez assisté à certaines cerémonies quand on change de chefs dans certaines institutions. Il y avait un sou-préfet, on le change par un autre. Il y avait un préfet, un gouverneur, un lieutenant, après le protocole la personne qui doit parler dit aux autres: vous le reconnaitrez désormais comme votre chef. Vous le reconnaitrez. Parce que le pouvoir est une relation de reconnaissance.

C’est pour cela qu’il y a passation du pouvoir comme une denrée à table. C’est pour cela qu’il y a délégation du pouvoir parce que vous pouvez ne pas être là, mais vous déléguez. L’autorité ne se délégue pas. C’est pour cela que sa finit par l’autoritarisme.

Mais si vous n’avez pas perçu que le pouvoir est une relation, il vous est difficile de gouverner, parce que vous poussez rapidement vos gouvernés dans l’ingouvernabilité, pourquoi? Parce qu’ils ne vous reconnaitront pas comme leur chef. Et vous avez vu les mouvements de protestations.

L’exemple le plus recent en Afrique c’est peut-être le Burkina Faso où les gouvernés on arrêté de reconnaitre (Blaise Compaoré).

Voilà pourquoi les politiques ont intérêt t à faire deux fois plus attention que les autres citoyens, parce que vous ne pourrez jamais commander quelqu’un qui ne veut pas votre commandement. Vous donnez un ordre même à votre proche collaborateur (il n’y obtempère pas).

Prenons le cas d’un cuisinier qui vous assiste à la maison ou d’un chauffeur qui vous conduit. Si vous le maltraitez comment voulez-vous arriver à une destination? Il vous crée une panne à mi-chemin dans un bosquet où il n’y a pas de réseau.

Voilà pourquoi il faut percevoir le pouvoir comme une relation et soignez cette relation.

Nous avons insisté sur la responsabilité politique parce que si on ne remonte pas jusqu’à la cause il est difficile de traiter la conséquence.

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